Il y a 25 ans, lorsque Brice Oligui Nguema faisait son entrée à Paris aux côtés du président Omar Bongo, nul ne pouvait prédire que cet homme, alors chargé de simples tâches logistiques et militaires, deviendrait un jour le président du Gabon. Les circonstances mystérieuses qui ont mené à cette ascension politique sont un témoignage éloquent de l’imprévisibilité du destin. Aujourd’hui, le voilà, non plus en uniforme militaire, mais vêtu de tenues civiles et faisant la revue des troupes avant de rencontrer le président français.
Cette rencontre revêt une signification particulière, car elle offre à la France une opportunité d’en apprendre davantage sur la politique gabonaise de l’heure tout en reconnaissant le rôle que jouera désormais Brice Oligui Nguema dans l’équilibre politique régional. Sa réception officielle, neuf mois après son coup d’État, est un symbole de de l’approbation du coup d’état de la part de la France.
Le général président de la transition a entrepris une réforme institutionnelle radicale dans son pays, il est désormais regardé comme une figure providentielle. Lors de sa visite, il a justifié son action en tant que « libération nationale » pour le peuple gabonais, parce qu’il met ainsi fin à plus d’un demi-siècle de domination dynastique des Bongo. Cette rupture politique, loin d’être un simple coup d’État, est présentée comme une volonté déterminée du peuple gabonais de rétablir une gouvernance équitable. En dépit de l’étiquette de « putschistes », les actions de Brice Oligui Nguema et de son gouvernement sont justifiées comme étant en phase avec les aspirations profondes de leur nation.